A Saint-Claude une cérémonie a eu lieu dans la cours de la Fraternelle, devant la plaque dédiée à la Résistance. Mme la Sous préfète était présente avec les autorités. C’est René Lançon président du comité qui a pris la parole pour l’ANACR et Mme la sous préfète a lu le message de la secrétaire d’état. Plusieurs élèves du lycée sont venus pour porter les drapeaux. Pour aider ce comité c’est Garance Herbillon qui était monté pour animer la cérémonie et à la demande de René Lançon chanter le chant des partisans.
Quatres de nos anciens étaient présents avec Nous, Jean Machuron, Jean Bourgeat, Gino Lazzarotto, Louis Vilpini! Merci à eux!
Intervention de René Lançon:
Il y a 75 ans, d'avril à juillet 1944, la région de Saint-Claude subit d'importantes opérations de représailles de la part des troupes allemandes.
Elles interviennent devant la difficulté des forces répressives françaises à contenir la montée en puissance des forces du maquis.
C'est une répression sauvage qui s'abat, avec, rien que pour le mois d'avril 1944
444 arrestations (dont 340 sur Saint-Claude), 36 exécutions, 110 maisons incendiées.
On peut déborder de Saint-Claude pour énumérer le bilan de ces années noires dans le département du Jura, qui comptait environ 200 000 habitants à l'époque : 289 internés, 1231 déportés dont 671 non rentrés, 631 fusillés, 126 tués au combat.
Devant ce qui n'était pas tolérable, il fallait savoir dire non à l'un des plus vil régime de l'histoire de France, à cet ordre nouveau qui allait être un efficace pourvoyeur de la solution finale.
Ce refus à Saint-Claude et dans la région est signé dès 1940 par quelques individus issus de la coopérative ouvrière "La Fraternelle" et d'autres venant d'horizons politiques et confessionnels divers.
Cette minorité grandit et elle ne deviendra ensuite le Maquis que grâce au milieu San claudien qui jouera un rôle décisif à travers les liens étroits et familiaux entretenus avec toute la population du Haut-Jura, acquis dans sa grande majorité aux idées de résistance, constituant ainsi une véritable résistance civile.
On peut retenir les dates des 13, 14 et 15 mars 1943 où pendant ces 3 jours, la population San claudienne manifesta son opposition à trois aspects jugés les plus odieux du régime de Vichy : Le STO, la milice, la répression policière.
Mais écoutons la voix de Charles Fournier-Bocquet, lieutenant-colonel FFI, ancien chef de bataillon de la première armée et qui fut secrétaire général de l'ANACR.
La Résistance, il faut d’abord, pour la comprendre, savoir qu’elle ne fut pas le fait d’une élite, d’une poignée de héros dominant la foule. Elle eut ses organisations, ses mouvements nombreux... S’il est normal que les membres homologués de ces mouvements se voient attacher le titre de résistants, il faut penser que dans cette armée-là, aussi, comme dans toutes les autres, pour un soldat qui se battait, au sens habituel du terme, pour un FTP dans un groupe de sabotage, pour un combattant de l’Armée Secrète dans un maquis, il y avait d’autres "soldats sans uniforme".
Il fallait mener l’action, bien sûr, mais il fallait aussi renseigner, se cacher, cacher les camarades, prendre les mesures de sécurité répondant à la rigoureuse vigilance, fabriquer les faux papiers d’identité, pour les combattants des villes changer souvent de "planques", se ravitailler dans un pays souffrant de la famine ; il fallait recruter, informer, exalter, publier journaux, tracts, papillons, cacher des aviateurs alliés abattus sur notre territoire, renseigner les Alliés sur les mouvements des troupes allemandes, démoraliser celles-ci par un harcèlement de plus en plus généralisé, y compris le harcèlement moral. Tout cela était un combat. Il fallait soigner clandestinement les blessés, secourir les familles des fusillés, des déportés, cacher les enfants ou adultes juifs, sauver et entraîner dans la lutte les réfractaires au Service du Travail Obligatoire.
Or, cela ne fut possible que grâce à un afflux toujours croissant de bonnes volontés…
Les survivants, vous le savez, raconteraient tous l’histoire du passant qui vous prévient qu’il faut éviter le prochain carrefour, des inconnus qui ramassent les tracts jetés dans la rue et les diffusent à leur tour, de la porte qui s’ouvre au dernier moment devant un traqué, des gamins qui montent dans les bois prévenir le maquis que les Allemands arrivent, des moteurs sabotés dans tel atelier où n’existe pas un seul résistant connu des chefs de mouvements…
Cependant, souvenons nous que bien des résistants ont vécu comme des bêtes pourchassées, avec la conscience que tout pas en arrière était impossible. On entrait dans la Résistance, mais on n'en sortait pas, (sinon à tout risquer : la mort, la torture.)
Il faut aussi rappeler que seule l’unité pouvait apporter l’efficacité et le succès, mais l'unification des mouvements ne s'est pas faite par magie.
Les résistants n'avaient pas écrit dans leur tête dès 1940 et à l'avance, l'histoire des années qui viendraient jusqu'à la libération. Les résistants étaient multiples par leurs origines, leurs idées, leurs projets, et il a fallu beaucoup de discussions et de compromis pour parvenir à l'unité qui devait aboutir au Conseil National de la Résistance et à son programme.
Il convient de rappeler que ce programme diffusé en mars 1944, il y a 75 ans, a servi de projet de gouvernement au Général de Gaulle dès la libération du territoire. Ce programme visionnaire, élaboré dans la clandestinité, conduisit à la mise en œuvre de réformes économiques, sociales et politiques donnant la priorité à l’accès à l’éducation pour tous et posant les bases d’un modèle social qui est aujourd’hui le notre. Il inspira également la rédaction du préambule de la Constitution de la 4ème République qui fait parti des textes fondamentaux de notre droit actuel.
Ce magnifique élan qui naquit dans la détresse, faible dans ses débuts, mais qui se développa avec l'ampleur que l'on connait, permettra à De Gaulle de dire que ce serait toujours l'honneur de la Résistance d'avoir voulu faire d'un pays prostré, humilié et opprimé, un peuple fier et libre qui pu par la suite sauvegarder son indépendance.
Rappeler ce 27 mai, comme nous y invite la loi instituant la Journée Nationale de la Résistance, les valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques, qui inspirèrent les résistants, s'inscrit dans le devoir de mémoire à l'égard des combattants de cette époque dont beaucoup de jeunes.
C'est aussi pour répondre au besoin de mémoire dans un monde qui connait toujours : les guerres, le racisme, la xénophobie, les atteintes aux libertés et à la dignité humaine, la torture, la résurgence du fascisme, les actes de barbarie du terrorisme, qu'il faut se dresser sans faillir à l'exemple des Résistantes et Résistants.
S'agit-il de faire la leçon aux générations qui suivent et de leur dicter leur conduite, de leur indiquer leur devoir ? Cela n'est dans l'esprit d'aucun résistant. Aidons les à s'approprier les connaissances historiques et faisons leur confiance.