Actions mémoires 2015

 

L'ANACR Jura est Charlie

 

Des terroristes islamistes faisant allégeance à Daesh, massacrent une partie de l’équipe de Charlie Hebdo au prétexte qu’ils ont osé caricaturer le prophète en vertu du droit à caricature, très vieille tradition française. Les débats ayant amené la loi du 29 juillet 1881 proclamant la liberté de la presse, s’étaient poursuivis sur plusieurs décennies : une intervention de Victor Hugo à la Constituante de 1848 nous le rappelle :

 

 


« Permettez-moi, messieurs, en terminant ce peu de paroles, de vous dire, de déposer dans vos consciences une pensée qui, je le déclare, devrait, selon moi, dominer cette discussion : c'est que le principe de la liberté de la presse n'est pas moins essentiel, n'est pas moins sacré que le principe du suffrage universel. Ce sont les deux côtés du même fait. . Ces deux principes s'appellent et se complètent réciproquement. La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c'est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l'une c'est attenter à l'autre.
Eh bien, toutes les fois que ce grand principe sera menacé, il ne manquera pas, sur tous ces bancs, d'orateurs de tous les partis pour se lever et pour protester comme je le fais aujourd'hui. La liberté de la presse, c'est la raison de tous cherchant à guider le pouvoir dans les voies de la justice et de la vérité. Favorisez, messieurs, favorisez cette grande liberté, ne lui faites pas obstacle ; songez que le jour où, après trente années de développement intellectuel et d'initiative par la pensée, on verrait ce principe sacré, ce principe lumineux, la liberté de la presse, s'amoindrir au milieu de nous, ce serait en France, ce serait en Europe, ce serait dans la civilisation tout entière l'effet d'un flambeau qui s'éteint ! »


Cette loi de juillet 1881 énonce dans son article 1er : « L’imprimerie et la librairie sont libres », dans son article 5 « Tout journal ou écrit périodique peut être publié sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement ». Blasphème, outrage à la République ou au Chef de l’Etat, propos licencieux, incitation à la violence ou à la rébellion, il fallut deux ans pour examiner toutes les questions très actuelles que soulevait la loi garantissant la liberté de la presse.


Qui aurait pu penser que dans notre pays de liberté, en 2015, on puisse assassiner des gens qui font leur métier de journaliste, de dessinateur ou de caricaturiste ? Il faut remonter aux heures sombres de Vichy pour voir des journalistes empêchés d’exposer leurs idées. Grâce au programme du CNR, leur pleine liberté de penser, de conscience et d’expression fut réinstauré, tout comme la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères. Il convient donc de rappeler ici dans le journal de la Résistance jurassienne les noms de ces hommes et de ces femmes massacrés par des « islamo-fascistes » :


Moustapha Ourrad (60 ans, correcteur à Charlie), Bernard Marris (68 ans, économiste antilibéral, chroniqueur à Charlie), Frédéric Boisseau (42 ans, agent de maintenance à la Sodexo), Franck Brinsolaro (48 ans, membre du service de protection de la police chargé de protéger Charb), Michel Renaud (69 ans. Il venait à Charlie rendre des dessins à Cabu), Philippe Honoré (73 ans, dessinateur de presse à Charlie), Georges Wolinski (80 ans, dessinateur de presse à Charlie), Stéphane Charbonnier dit Charb (dessinateur de presse directeur de publication à Charlie), Jean Cabut dit Cabu (76 ans, dessinateur de presse), Bernard Verlhac dit Tignous (57 ans, dessinateur de presse), Elsa Cayat (54 ans, psychiatre et psychanalyste. Elle tenait deux fois par mois une chronique intitulée « Charlie divan »), Ahmed Merabet (41 ans, gardien de la paix froidement assassiné dans la rue devant les locaux de Charlie), Clarissa Jean-Philippe (26 ans. Elle allait être titularisée dans la police municipale à Montrouge où elle terminait son stage). A cela s’ajoute un attentat antisémite à l’hyper casher porte de Vincennes : Yohan Cohen (20 ans), Yoav Hattab (22 ans), Philippe Braham (45 ans) et François-Michel Saada (63 ans).

La France républicaine réagit immédiatement, des rassemblements s’organisent partout dans le pays et dans le monde entier derrière le slogan « Je suis Charlie » qui pourrait aussi se traduire par « je suis la République ». L’ANACR participe aux rassemblements derrière le drapeau de la Résistance.

Tête de la manifestation lédonienne le 10 janvier, l’ANACR et SOS RacismeDépôt d’une des gerbes au monument de la Résistance par Jean Machuron (Résistant) et une jeune fille

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépôt d’une des gerbes au monument de la Résistance par Jean Machuron (Résistant) et une jeune fille

Lucie et Raymond Aubrac

Dans la soirée du mardi 8 février 1944, Lucie et Raymond Aubrac, leur fils Jean-Pierre âgé de trois ans et l’aviateur John Brough, quittent leurs planques pour rejoindre Londres via le terrain clandestin Orion implanté à Cosges. Cette opération de ramassage organisée par la RAF depuis l’Angleterre se réalise dans des conditions extrêmes, ce qui amène les Anglais à délaisser les terrains jurassiens à partir de cette date.
 

Raymond Aubrac, arrêté à Caluire le 21 juin 1943 en compagnie de Jean Moulin et de plusieurs chefs de la Résistance, est en cavale depuis le 21 octobre 1943, suite à son évasion organisée par sa femme Lucie. De planque en planque, ils arrivent à Villevieux le 29 novembre 1943. Après un départ raté le 6 janvier 1944, ils sont transférés à Chilly-le-Vignoble dans le quartier de l’église. Raymond et l’aviateur chez monsieur et madame Buffard, enseignants et résistants, et Lucie et Jean-Pierre chez messieurs et madame Caseau, eux aussi résistants. Les deux propriétés étant contiguës, il était relativement facile au couple Aubrac de se voir tous les jours en toute discrétion. C’est le groupe de Chilly qui a assuré la protection de l’opération entre Chilly et Cosges.


71 ans après ces évènements, dimanche 8 février 2015, pour la première fois à Chilly-le-Vignoble, les filles de Raymond et Lucie, Elisabeth Helfer Aubrac et Catherine Vallade ont visité les lieux d’hébergement de leurs parents et de leur frère avec beaucoup d’émotion. Elles étaient accompagnées par monsieur le maire de Chilly, Jean-Claude et Garance Herbillon membres de l’ANACR, ainsi que par quelques habitants de la commune. Cette visite a été filmée par FR3 Franche-Comté, qui le soir même, fit le compte rendu de la journée aux actualités régionales.

 

A 14h30, à la salle des fêtes devant une salle comble, Elisabeth et Catherine nous ont parlé de Raymond et de Lucie, des valeurs de la Résistance, de la fraternité dans la grande famille des résistants. Les spectateurs ont pu regarder une exposition retraçant le parcours de Raymond et de Lucie, ainsi qu’une exposition sur la liberté de la presse intitulée « De la presse clandestine aux attentats de Charlie hebdo ».
 

A 15 heure, projection du DVD « Les soeurs Bergerot » retraçant l’incroyable parcours de Résistance de ces trois soeurs de Villevieux qui ont hébergé dans leur domaine plus de cinquante résistants dont certains étaient de hauts responsables de la Résistance. Parmi ceux-ci : Henry Fresnay, Emmanuel d’Astier, Jean Moulin, le général Delestraint, Lucie et Raymond, et bien d’autres. Ce DVD a été réalisé à la demande de Raymond Aubrac pour honorer ces trois héroïnes. Vous pouvez vous le procurer au Collège Aristide Briand à Lons le Saunier, leur club vidéo en étant le concepteur. A la suite de la projection les spectateurs ont pu débattre avec nos deux invitées avant le verre de l’amitié.

Lundi 13 avril 2015, 70 ans après sa mort, un hommage plein de dignité a été rendu à Simone Michel-Lévy dans son village natal de Chaussin, où une rue porte son nom. On y trouve une plaque apposée sur sa maison natale. Cette cérémonie organisée par l’ANACR Jura-Nord s’est déroulée au cimetière de Chaussin en présence de madame le maire, du président de l’ANACR Jura, des représentants d’associations d’anciens combattants, du représentant de la gendarmerie. L’association « Libération Nationale PTT » était représentée par Charles Sancet secrétaire général et Patrice Ligonnière, porte-drapeaux. La cérémonie s’est déroulée en présence d’une dizaine de porte-drapeaux et la chorale locale a interprété le Chant des Marais et le Chant des Partisans.

Cérémonie Simone Michel-Lévy 2015 ANACRCérémonie Simone Michel-Lévy 2015 ANACRCérémonie Simone Michel-Lévy 2015 ANACRCérémonie Simone Michel-Lévy 2015 ANACR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Afin de poursuivre cet hommage, nous vous laissons découvrir ci-dessous le discours prononcé par Danièle Ponsot, présidente du comité Jura-Nord de l’ANACR :


« Le 13 avril 1945, au camp de Flossenburg, à quelques jours de la déroute définitive de l’armée allemande et du suicide d’Hitler, avait lieu une abomination! Simone Michel-Lévy, née à Chaussin le 19 janvier 1906, entrée en résistance dès 1940, et deux de ses compagnes étaient ignominieusement pendues, sans jugement ni procès, après avoir été battues à coups de gourdin par leurs tortionnaires, dans l’attente de la sentence fatale. Leur crime ? Son crime ? C‘est d’être restée debout, d’avoir refusé la compromission d’un Etat pétainiste, celui là même qui avait remplacé par « travail famille patrie » notre impérissable devise républicaine « Liberté Egalité Fraternité ».
A l’instar des Peshmergas Kurdes, qui aujourd’hui se battent contre Daesh en Irak et dont les femmes sont des combattantes aussi déterminées que les hommes, Simone Michel-Lévy, rédactrice en chef au service des recherches et du contrôle technique au service des PTT n’a pas hésité une seconde à mettre ses compétences au service de la Résistance.
Elle est de ces femmes d’exception, qui pendant cette période terrible de la collaboration, ont fait honneur à leur pays, que leur rôle soit reconnu ou qu’il demeure humble et modeste, comme celui des femmes de 14-18 assumant sans état d’âmes des responsabilités traditionnellement dévolues aux hommes : la charrue, la conduite des machines
Hommage à Simone Michel-Lévy
à l’usine, … Les hommes étant au front, il fallait prendre le relais et elles l’ont fait… N’obtenant le droit vote (quand même !) qu’en 1945, et ne le voyant inscrit dans la Constitution qu’en 1946 !
Cette personnalité attachante et irréductible, qui avait fait sienne la devise : « Comtois, Rends-toi, Nenni, ma foi », clamée par les habitants de Dole assiégé lors de la guerre de 30 ans, cette femme de courage et d’abnégation, pouvant à elle seule symboliser la Résistance, cette femme a été trahie !
Mettant à profit ses fonctions d’adjointe, Emma (c’était son nom de guerre), avait mis en place nombre d’actions de Résistance en liaison avec « la Confrérie Notre-Dame » du Colonel Rémy. Cela allait de l’édition et la diffusion de tract, à la transmission de renseignements à Londres, en passant par le repérage des zones de parachutage et la mise en place de dizaines de postes de radio. Le 5 novembre 1943, son contact à la confrérie Notre-Dame, Robert Bacqué, alias Tilden, lui fixe un rendez-vous urgent dans un café. C’est un piège et la gestapo empoigne Emma, l’assomme et la jette dans une voiture en direction du 101 Avenue Henri Martin. Tilden fut à l’origine de 90 arrestations de résistants dans toute la France. Torturée d’abominables manières, la petite postière jurassienne n’a pas parlée, elle a protégé ses camarades et a tenu bon !
Transférée à la gestapo rue des Saussaies, Emma désormais sous le pseudonyme de Françoise, est envoyée à Ravensbrück dans un convoi à bestiaux, le 31 janvier 1944. Le voyage s’achève le 3 février. Elle est alors expédiée à Holleinschen (Tchécoslovaquie d’alors) où avec ses camarades elle travaille pour le groupe Skoda à la fabrication de munitions anti-aériennes. Là, elle continuera tant qu’elle le pourra son oeuvre de Résistante, sabotant les engins de mort qu’on les oblige à fabriquer. Découvertes (la presse sabotée saute une fois de trop), Françoise et deux de ses amies subissent alors la sentence terrible les condamnant sans appel.
Je ne résiste pas au plaisir de rappeler les dernier mots de Simone écrit à ses parents depuis sa cellule : « ne pleurez pas, c’est un ordre, ne soyez pas tristes, moi je ne le suis pas. Mon coeur est calme autant que mon esprit … ». S’ils étaient les seuls à résumer le rôle de Simone Michel-Lévy ces mots devraient être gardés en mémoire. Le 6 juillet 1952 la croix de compagnon de la libération fut remise à la mère de Simone au cours d’une cérémonie à Chaussin en présence du ministre des PTT et l’on procéda aussi à l’inauguration de ce cénotaphe et de la plaque sur sa maison natale au 9 rue Simone Michel-Lévy. En 1958 fut édité un timbre à son effigie. Le 8 mars 2005 la cérémonie inaugurale d’une place de Paris fut organisée en présence de monsieur Jean Michel-Lévy.
Aujourd’hui, le système concentrationnaire mis en place par le pouvoir nazi semble appartenir au passé, à l’Histoire, celle qu’il faut garder à l‘esprit tant il est vrai que : « un peuple qui oublie son passé se voit condamné à le revivre ». Mais !!! Les événements du 7 janvier 2015 doivent maintenir intacts notre vigilance. Non ! Le danger n’est pas écarté ! Par l’audience de plus en plus large qu’ils recueillent, par leur soi-disant dédiabolisation les admirateurs du pouvoir nazi constituent un danger de plus en plus grave. C’est leur rôle croissant qui le 11 avril 1987 poussa au suicide l’écrivain Primo Lévi auteur du bouleversant témoignage de sa déportation à Auschwitz « Si c’est un homme » ne l’oublions pas.
70 ans après la disparition cruelle de Simone Michel-Lévy qui n’avait jamais accepté la soumission de son pays et s’était levée pour désobéir, qui, comme Jean Moulin, a donné sa vie pour que vive la liberté, souvenons nous d’elle ! Elle a été un modèle de fidélité à un idéal… Ne l’oublions pas ! Merci ! »

 

 

70ème anniversaire de la libération des camps

Le 26 avril 2015, le 70ème anniversaire de la libération des camps a été marqué par une cérémonie de grande envergure au Monument de la Déportation à Lons-le-Saunier à l’occasion de la journée du souvenir des victimes de la déportation. Cette cérémonie était placée sous l’égide de monsieur le Préfet, de l’ONACVG et des associations de déportés.

70ème anniversaire de la libération des camps
Des silhouettes en bois représentants des déportés, hommes, femmes, enfants avaient été réalisées. Elles ont été construites par les élèves du lycée Le Corbusier de Lons-le-Saunier et disposées autour du monument. De plus, un énorme parterre de fleurs artificielles du modèle « rose de Ravensbrück, résurrection » avait été installé devant le monument. Ces 1231 roses symbolisaient le nombre de Jurassiens déportés dans les camps. Juste après sa création par Michel Kriloff en 1975, pour le trentième anniversaire de la libération des camps de concentration, la rose résurrection avait été plantée un peu partout en France dans les lieux mémoriels.


70ème anniversaire de la libération des camps

 

Dès 5h du matin, une équipe de bénévoles s’était regroupée pour préparer 671 ballons blancs qui furent lâchés pendant la cérémonie pour nous rappeler les 671 jurassiens déportés non rentrés. Au cours de cette cérémonie officielle, Franceline Banderier, chanteuse lyrique, a interprété brillamment Nuit et70ème anniversaire de la libération des camps Brouillard de Jean Ferrat. Ensuite, des gerbes ont été déposées par les associations de déportés, par les représentants des collectivités locales (ville, département, région). La gerbe de la préfecture a quant à elle été déposée par monsieur le Préfet du Jura accompagné de plusieurs déportés.


Pascal Hugonnet, fils de déporté, président de l’Amicale de Neuengamme, et vice président de la FNDIRP, a lu le message des associations et Monsieur le Préfet du Jura a fait lecture de la lettre du Ministre des Anciens Combattants. Après les sonneries d’usage, aux morts, la Marseillaise, le Chant des Partisans, le Chant des Marais, l’hymne européen, les autorités ont salué les porte-drapeaux. Cette magnifique cérémonie du 70ème anniversaire restera longtemps dans les mémoires par sa symbolique et par le nombre important de participants.

 

70ème anniversaire de la libération des camps

70ème anniversaire de la libération des camps: Préfet et déportés70ème anniversaire de la libération des camps

 

 

 

 

 

 

 

Je suis "RESURRECTION" Et tout au long des ans 70ème anniversaire de la libération des camps

Tout au long des saisons

Je resterai le témoin de ma vie

Qui protégera de la barbarie

Tous les enfants du monde

Même lorsque je serai devenue églantine

Illuminant tous les chemins

Marcelle Dudach-Roset

 

 

C’est une quinzaine d’hommes (il manque peut-être quelques femmes…) qui ont été honorés le 8 mai 2015 lors de la cérémonie patriotique devant le monument aux morts de la ville de Lons-le-Saunier. Ils ont largement mérité qu’un grand nombre de Lédoniens, ainsi que leurs familles, se déplacent afin de montrer leur gratitude et leur reconnaissance. Leur décoration leur a été remise par monsieur le Préfet du Jura. Ces hommes qui ont été nommés au grade de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, soixante dix ans après la fin de la seconde Guerre Mondiale, avaient tous décidé, entre 1943 et 1944, qu’il fallait faire quelque chose et « ils l’ont fait » ! Cet engagement peut paraître simple aujourd’hui, mais la réalité de l’époque faisait qu’en fait, c’était très compliqué et très dangereux : ils ont risqué leur vie !

Retrouvez le parcours de Fernand Ibanez, Benito Hyète, Gino Lazzaroto et Georges Mandrillon ICI.

 De ces quatre hommes, dont trois sont nés hors de France, et aux parcours singuliers, ainsi que de leurs camarades récipiendaires nous sommes très fiers !

Fernand Ibanez et Mr le PréfetLegion d'honneur 8 mai 2015Legion d'honneur 8 mai 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier temps fort de cette quinzaine Mémoire a eu lieu le 28 mai 2015 au café de la Fraternelle avec une conférence de Michel Etiévent « Ambroise Croizat, l’invention du social »
Michel etievent - Jean-Claude HerbillonMichel Etiévent est littéralement habité par l’idée de faire vivre la mémoire d’Ambroise Croizat, ministre du travail et de la Sécurité Sociale de 1945 à 1947. Il est injustement oublié, car l’héritage de l’homme est prodigieux : Sécurité Sociale, retraite, Comités d’entreprises, statut de la fonction publique, statut des mineurs, médecine du travail, Conventions collectives, prévention, … un cortège impressionnant de réalisations sociales issues du programme du Conseil National de la Résistance (CNR) qui fonde l’identité et la dignité d’un pays. Quand Michel Etiévent nous parle de lui-même, on comprend mieux pourquoi il est envahi par le personnage Croizat : « Enfant, fils d’ouvrière, j’ai vécu dans la maison même où Ambroise Croizat a vu le jour le 28 janvier 1901, dans cette cité ouvrière des « maisonnettes » collée au four de l’usine de Notre-Dame de Briançon. J’ai très tôt entendu parler de l’homme Croizat, on l’appelait « le ministre des travailleurs », « le père de la sécu ». La première photo que j’ai vue du personnage avait été collée contre le mur de notre maison, c’était un portrait géant posé le jour même de sa mort, le 11 février 1951. »


Ambroise croizatAmbroise Croizat fils de syndicaliste, syndicaliste lui même à la Fédération des métaux, député communiste en mai 1936, siège à la commission spéciale du gouvernement chargée d’élaborer les réformes et de veiller à leur application sur le terrain. Arrêté le 7 octobre 1939 comme député communiste sur les marches de l’Assemblée, il est enfermé à la prison de la Santé le 8 octobre. Jugé avec ses 27 camarades, il est condamné à 5 ans de prison et enfermé au bagne de la Maison  Carrée près d’Alger. Ils ne seront libérés que le 5 février 1943 après trois ans d’enfermement. Les 27 quittent le bagne sans condition, leur qualité de député est reconnue, on désavoue leur déchéance et leur condamnation. La liberté va prendre le goût de la Résistance. Le 17 septembre 1943 Ambroise Croizat rejoint l’Assemblée Consultative instaurée autour du Comité Français de Libération Nationale (CFLN) créé par de Gaulle le 3 juin 1943. Il y préside la commission du travail. C’est sur ces bancs que vont mûrir les inventions sociales de la Libération, c’est là que va prendre vie le programme du CNR.
Ambroise Croizat retrouvera la France en septembre 1944. Le 15 novembre 1945 le général de Gaulle fait appel à 5 communistes pour des postes clés, qui vont pouvoir donner réalité aux promesses du CNR. Réélu député le 21 octobre 1945, il sera 4 fois ministre du travail de novembre 1945 à mai 1947.

Conference michel etievent anacr

Dès la parution du programme du CNR, toute une équipe va se mettre à l’oeuvre pour réaliser ce que Croizat appellera « le système le plus humain, le plus juste, basé sur une vraie solidarité nationale et qui permet de garantir à tous une véritable protection sociale ». L’ordonnance portant création de la sécurité sociale paraîtra le 4 octobre 45.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le livre de Michel Etiévent « Ambroise Croizat l’inventeur du social » édition GAP. Ce livre magnifique est très largement illustré de photos et documents historiques.
Michel Etiévent a par ailleurs largement contribué à la réalisation du film de Gilles Perret « La Sociale » actuellement disponible.

Traits separation gris

Christian Langeois à la fraternelle

Le second temps fort s’est déroulé le 12 juin avec une conférence de Christian Langeois au café de la Frat’ autour de son livre « Mineurs de charbon à Auschwitz ». Il est par ailleurs l’auteur de la biographie de MarChorale arc en cielguerite Flavien-Buffard et de la biographie d’Henri Krasucki, résistant, déporté syndicaliste et communiste. Ces trois ouvrages sont édités au Cherche Midi.


Avant le commencement de la conférence, la chorale « Arc-en-Ciel » de Lavans-les-Saint-Claude a interprété le Chant des Marais et le Chant des Partisans.

 

 


« C’est l’existence d’un corpus de témoignages de survivants découvert lors de mes recherches préparatoires à l’écriture de la biographie d’Henri Krasucki qui m’a permis d’entreprendre cet essai de reconstruction de la vie des déportés dans le camp de Jawischowitz » déclare Christian Langeois en introduction avant de poursuivre par une présentation du camp.


Conférence fraternelle christian LangeoisIl est l’un des 6 camps annexes d’Auschwitz, il est construit au premier semestre 1942 par des équipes qui viennent de Birkenau par camions. Le camp de la mine de Jawischowitz ouvre le 15 août 1942 pour le groupe Hermann-Göring Werke en vue d’exploiter les mines de charbon, annexées au Reich, des villes polonaises de Brzeszcze et Jawischowitz. Entre le 15 août 1942, date de son inauguration, et le 18 janvier 1945, date de son évacuation, environ 6000 déportés transitent dans ce  camp. 3800 sont morts sur place ou ont été sélectionné pour être assassinés à Auschwitz Birkenau. Polonais, Allemands, Autrichiens, Hongrois, Italiens, Grecs, Français, tous sont juifs. 700 viennent de France, arrivés essentiellement en trois temps : 15 août 1942,
5 septembre 1942 et 27 juin 1943. Après cette présentation, Christian Langeois suit la trame de son livre : les camps de Pithiviers, Beaune la Rolande, les camps du sud ouest, les déportés du 23 juin 1943 parmi eux Henri Krasucki, Auschwitz, Jawischowitz, le travail à la mine, vivre et survivre, l’évacuation et la marche de la mort, la Résistance du camp.


Le conférencier s’attarde longuement sur ce dernier chapitre en expliquant que la Résistance au camp n’a rien à voir avec la Résistance telle qu’elle a été sur notre territoire. Il donne des exemples : « avec quelques camarades connus à Beaune la Rolande, Gaston Kotski organise un petit groupe de résistance qui, vu la faiblesse de ses moyens, ne pouvait avoir d’activité que dans le domaine de l’entraide mutuelle, matérielle, mais surtout morale. Plus tard, le petit groupe fut intégré à l’organisation de résistance du camp qui existait depuis pratiquement le premier jour. A ce moment là, nous pouvions faire admettre à l’infirmerie des camarades épuisés, les faire sortir avant une sélection. Nous pouvions aussi trouver un travail moins pénible à la mine pour nos camarades mais cela était très difficile… »

Jean Bourgeat ANACR Jua

A la suite de la conférence, une discussion s’est engagée avec l’assistance Jean Bourgeat, déporté sanclaudien, parla de sa propre expérience en faisant apparaître les différences dans le travail et le traitement réservé aux déportés. S’en est suivi un verre de l’amitié où la discussion a pu continuer.

 

exposition citoyenneté ONAC jura

Du 26 mai au 4 juin, le président de l’ANACR a réalisé 4 interventions pour des classes de troisième du collège Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier, à partir des panneaux de l’exposition citoyenneté de l’ONACVG dédiés à la Résistance. Ces interventions s’articulent autour de la création des Mouvements de Résistance, de la presse clandestine pour informer face à la propagande, de la presse gouvernementale de collaboration, du programme du CNR dans son chapitre sur la liberté de la presse, la libération : la presse libre, l’interdiction de certains organes de presses accusés de collaboration. Pour arriver à janvier 2015, les attentats à Charlie hebdo par des terroristes islamistes : réaction de la population, manifestation, « je suis Charlie », ce qui veut dire je suis la République. Ces interventions auprès des élèves étaient illustrées par la présentation de journaux clandestins (« Combat », « Libération », « la Libre Comté »), de journaux de la collaboration (« Gringoire », « Je suis partout »), de l’exemple du journal « Le Progrès » qui se saborde le 11 novembre 1942 au moment de l’invasion de la zone sud et qui ne reparaîtra qu’à la Libération. L’exemple du journal « Combat" est lui aussi mis en avant, de la clandestinité à la Libération : en voici l’éditorial du 21 août 1944, les armes bruissent encore dans la capitale, mais pour la première fois « Combat » est diffusé légalement avec à sa une un éditorial du grand journaliste et écrivain Albert Camus. Il dit : « il aura fallu cinq années de lutte obstinée et silencieuse pour qu’un journal né de l’esprit de Résistance, publié sans interruption à travers tous les dangers de la clandestinité puisse paraître enfin au grand jour dans un Paris libéré de sa honte. Cela ne peut s’écrire sans émotion ». Le titre de cet édito est « le combat continue nous avons gagné notre libération, il nous reste maintenant à conquérir nos libertés ».

Cette date de la Journée Nationale de la Résistance a été choisie pour l’inauguration d’une plaque à la mémoire de Jean Moulin. Le dévoilement de cette plaque a été réalisé par des élèves du primaire, accompagnés du Préfet du Jura, du représentant du député-maire et d’une Conseillère départementale représentant le président. La nouvelle plaque dédiée à Jean Moulin se situe à proximité du monument aux morts et à quelques mètres du passage clouté qui permet de traverser l’avenue Jean Moulin. A la suite de cette inauguration, les porte-drapeaux, les autorités et le public se sont déplacés en cortège vers le monument départemental de la Résistance. Au monument trois prises de parole : par le président de l’ANACR au sujet de Jean Moulin, par le représentant de la municipalité qui lui aussi a axé sur discours sur Jean Moulin, et par monsieur le Préfet du Jura qui nous a fait lecture de la lettre du ministre à propos de la Journée Nationale de la Résistance du 27 mai.
Puis ce fut le dépôt des gerbes par les associations de résistants, l’union locale des anciens combattants, la région, le conseil départemental, la ville de Lons et pour finir la gerbe déposée par monsieur le Préfet.
À la suite de quoi ont eu lieu, sonnerie aux morts, minute de silence, Marseillaise et Chant des Partisans. Pour terminer, les autorités ont salué les porte-drapeaux.
Il est à noter pour cette cérémonie la présence de plusieurs classes d’écoles primaires de la ville.

 

Cérémonie du 27 mai 2015Cérémonie du 27 mai 2015Cérémonie du 27 mai 2015: Le préfet et les Résistants Jean Machuron et Maurice Loisy

 

 

 

Cérémonie du 27 mai 2015: le préfet remercie les élèves

 

 

 

 

 

Cérémonie du 27 mai 2015 dévoilement de la stèle

Cérémonie du 27 mai 2015: Discours de JC Herbillon ANACR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christian Langeois au collège Rouget de Lisle de Lons

Le vendredi 19 juin 2015, c’était la deuxième fois que Christian Langeois intervenait au collège Rouget de Lisle pour parler de Marguerite Flavien-Buffard dont le nom est inscrit sur une plaque à l’intérieur de l’établissement en mémoire des anciens élèves morts pour la France entre 40 et 45. Les 90 élèves de 3ème ont été très à l’écoute du conférencier qui a su tenir compte de l’âge des élèves dans ses propos. Ils ont multiplié les questions autour de cette grande dame de la Résistance.
Marguerite Flavien-Buffard née dans le Jura en 1912. Après le lycée à Lons-le-Saunier, l’Ecole Normale Supérieure de Sèvres, elle devient professeur de philosophie. Elle s’engage en 1934 dans le combat antifasciste. Nommée à Colmar, à Caen, puis à Troyes, restée fidèle au Parti Communiste, elle est révoquée en décembre 1939. Elle travaille alors dans une bonneterie. Elle est exclue du PCF. Elle rejoint alors la ferme de la famille de son mari qui est prisonnier de guerre.

Hommage à la plaque du collège Rouget de Lisle

 

Internée en 1942, au camp de femmes de Monts prêt de Tours, elle participe à l’une des rares révoltes contre la mauvaise nourriture. Transférée de ce fait à Mérignac près de Bordeaux, elle s’évade en décembre 43 et rejoint la Résistance à Lyon. Agent de renseignement à l’inter-région FTP, dénoncée, elle est arrêtée par la milice le 10 juin 1944. Le 13 juin, vraisemblablement par crainte de parler sous la torture, elle se défenestre du troisième étage du siège de la milice rue Sainte Hélène à Lyon. Elle meurt le jour même. Après quelques hommages, elle disparaît de la mémoire collective. Une plaque est apposée rue Sainte Hélène avec la mention erronée « assassinée par la gestapo ». Elle repose depuis 1948 au cimetière de Chilly-le-Vignoble à côté de ses parents eux aussi résistants.
Nous ne pouvons que vous inciter à lire sa biographie qui permet une connaissance sur le Parti Communiste, elle est de plus agrémentée d’une riche correspondance avec son mari prisonnier : Marguerite. Biographie de Marguerite Buffard-Flavien (1912-1944), de Christian Langeois, Le Cherche Midi. 

Des terroristes islamistes pilotés par Daesh s’attaquent au peuple de France dans ce qu’il a de plus cher, « sa jeunesse », dans une salle de concert, aux terrasses des bistrots. 130 personnes assassinées, des centaines de blessés dont certains porteront les stigmates de cette triste soirée pour le reste de leur vie. Un terroriste se fait exploser aux abords immédiats du Stade de France où une foule immense assiste à un match de foot. C’est bel et bien la jeunesse et notre façon de vivre qui sont visées par ces barbares qui veulent détruire notre République. La réponse à ces actes de barbarie : Liberté, Egalité, Fraternité ; auxquelles nous ajoutons : Solidarité, et Union nationale.
Nous ne pouvons ici lister les morts de cette horrible soirée, nous l’avons fait sur une exposition ANACR intitulée « de la Résistance aux attentats de 2015 » où nous faisions le parallèle entre les martyrs d’Oradour-sur-Glane et de Tulle… et ceux des attentats. Il y a un rapport direct entre les criminels nazis et les terroristes de 2015.

Pour conclure, il convient de dire que le nombre de morts ne crée pas de hiérarchie dans l’abomination, qu’il n’y a pas les bons morts et ceux qui l’auraient bien cherché. Et n’y aurait-il qu’une seule victime pour les mêmes raisons abjectes, que nous devrions réagir de la même façon. C’est pourquoi nous n’oublions pas les trois militaires agressés à Nice en février, le soldat blessé en avril à Orly, Aurélie Châtelain assassinée à Villejuif, Hervé Cornara, décapité, et les 11 blessés lors d’une explosion en Isère, tout comme les 5 blessés lors de l’attaque d’un train Thalys.

ANACR Jura: hommage aux victimes des attentats de Paris

 

 

Cérémonie d’hommage aux victimes des attentats de Paris et Saint-Denis, le samedi 14 novembre au monument de la Résistance avec les élus municipaux de toutes sensibilités

 

 

 

 Le Progrès : « Dès le samedi des rassemblements ont lieu. Place de la liberté, Jean-Claude Herbillon, président de l’ANACR a déroulé un drapeau tricolore signé par la résistante Lucie Aubrac. Une façon de rappeler que « Résister se conjugue aussi au présent ». »