Résistance nationale

Vous trouverez dans cette catégorie des fiches concernant des évènements, faits, figures de la Résistance au niveau national.

 

le CNR         

 

Aujourd’hui, nous ne pouvons faire autrement que reconnaître que le programme rédigé par le Conseil National de la Résistance est un texte fondateur de notre République économique et sociale et qu’il fait référence. La preuve en est, il suscite l’intérêt. Certains le brandissent pour en défendre les valeurs et les acquis alors que d’autres veulent le démanteler pierre par pierre le trouvant dépassé. Dans tous les cas, il faut reconnaître que ce programme élaboré dans la clandestinité est unique en son genre. Ce programme politique fut adopté à l’unanimité de ses membres alors même qu’il regroupait des personnes d’horizons forts différents et malgré cela ce programme est complet et aborde presque tous les thèmes nécessaires pour la reconstruction du pays. Les deux grands absents de ce programme sont le vote des femmes et la décolonisation.  

         

 

          

          La création, grâce à Jean Moulin, du Conseil National de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943 marque le tournant décisif de l’action de la Résistance. Celle-ci répond à un double objectif :

  • Unir toutes les forces de la Résistance. Il réunit 8 mouvements de Résistance, 6 partis politiques et 2 syndicats. « Avant le 27 mai, il y avait des résistances, après le 27 mai, il y eut la Résistance » Mémoire de guerre du Général de Gaulle.
  • Donner à de Gaulle la légitimité que les Etats-Unis lui contestaient. Le CNR lui apporte l’appui de la France Résistante et l’appelle à prendre la tête d’un gouvernement provisoire doté d’un programme. Ce qui permettra d’éviter l’application du plan AMGOTT, qui consistait à faire administrer les territoires libérés par un gouvernement américain. Robert Chambeiron dira : « Après le 27 mai, les Américains ne peuvent plus douter de la légitimité de de Gaulle. La France devient un pays allié à part entière et, à ce titre, sera présente lors de la capitulation des armées nazies, le 8 mai 1945. D’autre part, les Alliés doivent abandonner leur projet d’administrer eux-mêmes la France au fur et à mesure de sa libération. Et, parce qu’il y a eu le CNR et de Gaulle, la France sera, lors de la création de l’Organisation des Nations Unies, l’une des cinq grandes puissances à occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. »

Couv cnr

         

         

          Ce programme est composé de deux parties. La première organise l’action immédiate, la lutte contre l’occupant par la Résistance intérieure. Mais c’est la seconde partie qui restera le plus dans l’histoire. Cette partie est un programme empreint de rénovation sociale et économique. Cette sorte de programme de gouvernement comprend à la fois des mesures à court terme comme l'épuration mais également des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations, la création de la Sécurité sociale … Ces mesures représentent une grandes partie des acquis sociaux du XXème siècle.

          Ce programme fut adopté le 15 mars 1944, mais il ne fut que très peu diffusé jusqu’en août 44. Puis à partir de septembre son application devient la priorité du C.N.R. jusqu’en 1947. Durant cette période le gouvernement provisoire prendra une série d’ordonnances allant dans le sens des mesures préconisées par le C.N.R. Puis à la suite des élections il deviendra le programme du Général de Gaulle. Mais aujourd’hui encore des coups lui seront portés petit à petit de tous les côtés et cela jusqu’à aujourd’hui.

           Pourtant ce programme est empreint de valeurs essentielles pour notre société, et nous nous devons de faire partager ses valeurs tout en nous tournant vers l’avenir. Patriotisme, humanisme, idéaux démocratiques et aspiration à un monde plus juste et en paix furent les valeurs inspiratrices du programme du Conseil National de la Résistance, ne les laissons pas tomber dans l’oubli.

 

 

Témoignage d'un Résistant jurassien, Roger Pernot: 

       En avril 1944, la propagande de la Résistance jurassienne s’enrichit d’un périodique de tendance socialiste : LA LIBRE COMTÉ, dont la publication est due à l’initiative d’André Panouillot, instituteur à Plainoiseau et qui compte parmi ses rédacteurs, lui-même, sous le pseudonyme de Récamier, Roger Mermet (Requin) et Georges Briche (Baudin).
       Dans son numéro de mai 1944, Baudin aborde l’important problème de l’action ouvrière : « Camarades ouvriers, l’heure approche où, de nouveau, le prolétariat retrouve la liberté, où sa voix pourra se faire entendre …. ». C’est donc tout naturellement qu’il publie, sous le titre : Mesures à appliquer dès la libération du territoire, le contenu in-extenso du programme du Conseil National de la Résistance.
       Ce texte a eu à l’époque et conserve encore de nos jours, une portée considérable. Malgré « la guerre froide » et les diverses évolutions politiques qui ont suivi, il reste la base doctrinale essentielle de la République Française rétablie dans sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité, tant au plan des institutions (élaboration de la Constitution) que dans les domaines de la production (démocratisation de l’économie, nationalisations, délégués d’entreprise), de la consommation (pouvoir d’achat), de la sécurité sociale et de la « retraite des vieux travailleurs » (toutes deux nées à cette époque), de la démocratisation de l’enseignement. La liste est longue. En ce début de XXIe siècle, la société française vit encore sur cet héritage unique au monde. L’essentiel du contenu est toujours là, bien que des remises en cause de plus en plus nombreuses et profondes se produisent en ces temps. Quand je vais à la pharmacie et que l’un de mes médicaments n’est plus remboursé, l’ancien combattant de 1944 que je suis éprouve une profonde frustration qu’il exprime devant le pharmacien, certes beaucoup plus jeune, mais qui approuve mes paroles d’humeur.

 

Traits separation gris

Les membres à sa création et les modifications successives

 

Les membres du CNR, représentant de leurs organisations sont d’origines politiques diverses et parfois même éloignées. C’est pourquoi l’écriture et l’adoption à l’unanimité d’un programme politique commun fut longue et complexe, et cela d’autant plus que cela se déroulait dans la clandestinité et les risques qui l’accompagnaient.

Notons que la présidence de Jean Moulin, qui en est le créateur, fut brève. Effectivement la première réunion se déroule le 27 mai 1943 et Jean Moulin fut arrêté à Caluire le 21 juin de la même année. Il décèdera entre les mains des SS. Son mutisme empêchera les nazis de démanteler le CNR, lequel décide cependant par sécurité de mettre fin aux séances plénières. Il constitue alors un bureau exécutif de cinq membres, chaque membre représentant son propre courant et deux autres.

Président :

Jean Moulin (successeurs : Georges Bidault, démocrate-chrétien, enseignant il sera par la suite un homme politique majeur, puis à la libération le 15 septembre 1944, Louis Saillant, CGT)

Membres :

Libération-sud : Pascal Copeau, suppléé par Pierre Hervé (désigné par son mouvement, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, appelé à Alger à l’Assemblée consultative puis au Gouvernement provisoire, redevint le titulaire à la libération)

OCM (Organisation civile et militaire) : Jacques-Henri Simon, déporté, remplacé par Maxime Blocqu-Mascart

Combat : Claude Bourdet, déporté, remplacé par Marcel Degliame

Ceux de la Résistance (CDLR) : Jacques Lecompte-Boinet, après la guerre il sera diplomate.

Franc-tireur : Claudius Petit, puis Jean-Pierre Lévy, puis Antoine Avinin

Ceux de la libération (CDLL) : Lenormand (Jean-Pierre Coquoin), fusillé, remplacé par André Mutter

Libération-nord : Charles Laurent, appelé à Alger (Assemblée consultative), il est remplacé par Henri Ribière

Front National de lutte pour la libération et l’indépendance (FN): Pierre Villon, architecte, il sera par la suite député communiste.

Parti radical et radical socialiste : Marc Rucard, appelé à Alger (Assemblée consultative) il sera parlementaire, il est remplacé par Paul Bastid

Démocrates chrétiens : Georges Bidault, puis André Colin

Fédération républicaine et républicains nationaux : Jacques Debu-Bridel, il sera sénateur et un homme politique français important

Parti communiste : André Mercier, appelé à Alger (Assemblée consultative),il est remplacé par Daniel Mayer

Alliance démocratique : Joseph Laniel

Parti socialiste (SFIO) : André Le Troquer, appelé à Alger (Assemblée consultative), il est remplacé par Daniel Mayer

Confédération générale du travail (CGT) : Louis Saillant, puis Benoît Franchon

Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) : Gaston Tessier

Secrétaire général : Pierre Meunier

Secrétaire général adjoint : Robert Chambeiron

 

Pour résumer la Résistance des femmes permettez moi de citer Lydis Salvayre dans la préface de Femmes dans la guerre : « Sans aucun bénéfice escompté, sans l’attente d’aucune gloire, sans le souci d’aucune renommée (…) sans aucune obligation, sans aucune intimidation, sans l’ordre d’aucun chef, ni d’aucun sous-chef, ni d’aucune sommité, ni de personne, une poignée de folles, j’ai bien dit de folles, entrèrent en résistance (…) une poignée de folles firent le pari fou à l’époque, qu’un autre ordre était possible que celui qu’elles subissaient dans la honte et le dégoût. Une poignée de folles se jetèrent dans la lutte portée par une sorte d’évidence et presque sans réfléchir. »

Il ne reste rien à rajouter. Mais je voulais prendre le temps de nommer quelques héroïnes de la Résistance française qui ont marqué la Résistance et qui ont largement contribuées à faire avancer la cause des femmes :

  • Lucie Aubrac, Co fondatrice du mouvement libération sud.
  • Germaine Tillion : Résistante, déportée NN à Ravensbruck qui dans l’enfer des camps a écrit une opérette.
  • Geneviève de Gaulle : Résistante, membre du comité directeur de défense de la France. Déportée à Ravensbruck.
  • Madeleine Riffaut : qui participe à la libération de Paris.
  • Berty Albrecht : Résistante et figure du féminisme.
  • Marie-Madeleine Fourcade : seule femme reconnue chef de réseau.
  • Olga Bancic : Roumaine, FTP MOI du groupe Manouchian. Ses 22 camarades de groupe sont fusillés, elle sera torturée, transférée en Allemagne, puis décapitée.

Arrêtons là tout en pensant que cette liste est en réalité beaucoup, beaucoup plus longue.

Et pour retrouver des portraits de Résistantes jurassienne vous pouvez aller dans notre rubrique Portraits de Résistant(e)s.

 

Pour en venir au droit des femmes, c’est intimement lié à la place des femmes dans la Résistance. Mais aussi à la place des femmes qui ont dû remplacer les 1 500 000 hommes prisonniers dès 1940 pour faire fonctionner les fermes, les usines, les administrations à l’exemple des PTT. Elles ont également pris le rôle de chef de famille à la place de leur mari prisonnier ou clandestin. Voilà pourquoi 1944 a été le début d’un long processus d’émancipation toujours à l’œuvre aujourd’hui.

Petit retour en arrière...  A l’occasion de la journée annuelle des droits des femmes le 8 mars, les images d’archives diffusées sur les chaines de télévision viennent rappeler que c’est le 29 avril 1945 que les françaises, pour la première fois, sont appelées au même titre que les hommes, à déposer dans l’urne un bulletin de vote, à l’occasion des premières élections municipales d’après guerre. Il y a tout juste 75 ans.

C’est le Général de Gaulle qui a donné le droit de vote aux femmes. Il exerce alors à Alger à la tête du comité français de libération national, des prérogatives analogues à celles d’un Président de la République. Il promulgue les lois votées par le parlement. Il signe le 21 avril 1944 l’ordonnance donnant force de loi au vote du 24 mars 44 à propos de l’amendement Grenier relatif au vote des femmes voté à la majorité de 51 voix contre 16 sur 67 votants.

Les femmes avaient enfin obtenu le droit de vote ! Cette bataille commencée en 1790 par Nicolas de Condorcet qui se poursuivit tout au long du 19ème siècle.

Au lendemain de la première guerre mondiale la chambre des députées se prononce le 20 mai 1919 pour le vote des femmes par 344 voix contre 97. Mais après 3 ans et demi de réflexion, le Sénat rejettera le 21 novembre 1922 la proposition de loi par 156 voix contre 136. Le même scénario se reproduira à plusieurs reprises jusqu’en 1931.

La chambre des députés du front populaire se prononcera en juillet 1936 à l’unanimité, 475 voix, en faveur du vote des femmes, mais le texte ne sera pas inscrit à l’ordre du jour du Sénat. Cela s’explique par le fait que les notables radicaux, présents en nombre au sein de la haute assemblée, très anticléricaux, sont extrêmement méfiants à l’égard d’une influence supposée de l’église sur le potentiel électorat féminin.

Les mêmes radicaux se sont encore opposés au vote des femmes, pour les mêmes raisons, au sein du Conseil National de la Résistance et c’est pourquoi le texte a finalement été discuté à Alger. Quelle bataille !

Nous arrivons maintenant à l’histoire de nos jurassiennes qui sans le savoir sur le moment ont participée grâce à leur engagements à l’adoption du droit de vote pour les femmes et à accélérer le processus d’émancipation malgré la difficulté de la tâche et les multiples embuches liées au combat.

Ce n’est certainement pas un hasard si le processus de libération de notre pays a entrainé des actes réactionnaires très difficiles à admettre tel que la tonte ou la dégradation sur la place publique de milliers de femmes…

Vous pouvez donc découvrire des Résistantes jurassiennes ICI

 

Ceux de l'affiche rouge

Il y a 80 ans, le 21 février 1944, au Mont-Valérien près de Paris, à cinq reprises en milieu d'après-midi, un peloton d'exécution des forces d'occupation nazies faisait feu, mettant à mort 22 combattants de la Résistance condamnés lors d'un «procès» tenu devant le Tribunal militaire allemand du Grand Paris.

Ce «procès» avait été accompagné de la publication d'une affiche, rouge, largement diffusée, sur lesquels les portraits de dix d'entre eux, tous étrangers et dont

pour sept la nationalité était précédée de la mention «Juif», étaient censés illustrer la menace «judéo-bolchevique» contre la «vraie France».

Mais, la manœuvre échoua. Et l'Histoire a gardé des vingt-deux martyrs du 21 février 1944, et de la seule femme du groupe, transférée en Allemagne et décapitée le 10 mai suivant à Stuttgart, l'image de vingt-trois héros, dont la mémoire est depuis 70 ans fidèlement honorée chaque année comme sur ces photos au cimetière d'Ivry een 2018 où notre président départemental, Jean-Claude Herbillon lisait le discours de l'ANACR au nom du Bureau National.

Tous les combattants rassemblés pour le « Procès de l'« Affiche rouge» avaient été déférés devant le Tribunal militaire allemand du « Gross Paris» siégeant 11-11bis rue Boissy-d'Anglas, après avoir été arrêtés pour la plupart d'entre eux durant l'automne 1943, ils étaient membres des FTP-M.O.I., c'est-à-dire de la branche « Main-d'œuvre Immigrée» des « Francs-Tireurs et Partisans Français» (FTPF).

A l'issue des audiences tenues à partir du 15 février sous les lambris des salons de l'Hôtel Continental (3 rue de Castiglione, Paris 1*), et qui s'achevèrent le 18 février, 23 des 24 accusés seront condamnés à mort.

Les Francs-Tireurs et Partisans Français avaient été formés au printemps 1942 par l'unification de plusieurs structures engagées depuis l'été 1941 dans l'action armée contre l'administration, les forces militaires et de répression de l'occupant ainsi que contre l'appareil répressif du régime pétainiste, contre les partis collaborateurs: le « Travail Particulier» (TP), issu de l'« Organisation Spéciale» (O.S.) du Parti communiste mise en place dès l'automne 1940 pour collecter des armes et assurer la protection de ses manifestations, les groupes de combat de la Jeunesse communiste, parfois appelés « Bataillons de la Jeunesse», et ceux de la « Main-d'œuvre immigrée» (M.O.I.).

La M.O.l. a une double origine syndicale et politique remontant au début des années 1920, quand la Confédération Générale du Travail unitaire (CGTU) et le jeune Parti communiste voient arriver dans leurs rangs en nombre conséquent des travailleurs immigrés venant notamment depuis l'Europe centrale et orientale, à la recherche de conditions meilleures ou fuyant les persécutions raciales ou (et) politiques.

Ainsi, la CGTU met en place en 1923 la « Main-d'œuvre Etrangère» (M.O.E.), qui prendra au début des années trente le nom de « Main-d'œuvre Immigrée» (M.O.I.) ; sur le plan politique, le Parti communiste met en place une structure homonyme qui se fondra de fait avec la première.

Elles sont subdivisées en « groupes de langue» : italien, polonais, arménien, espagnol, etc. L'importance numérique des émigrés juifs provenant de plusieurs pays: Pologne, Roumanie, Hongrie... mais parlant une langue commune, le Yiddish, les rassemble en nombre dans ce groupe de langue.

Ayant fui le fascisme, les dictatures d'Europe centrale et balkanique, l'antisémitisme, nombre de ces immigrés en France se porteront à partir de 1936, aux côtés d'antifascistes français, volontaires dans les Brigades Internationales pour combattre en Espagne le fascisme franquiste appuyé par Hitler et Mussolini.

La République espagnole fut vaincue militairement en 1939, et nombre de ces brigadistes étrangers furent à leur retour en France internés dans des camps (Gurs, Argelès, Saint-Cyprien, le Vernet, etc.). Mais, l'expérience militaire acquise en Espagne par les brigadistes français et étrangers se révélera précieuse quand la France, vaincue en 1940, sera occupée par les nazis.

Comme le Parti communiste, la Jeunesse communiste, les organisations leur étant proches, les structures et les publications de la M.O.I. vont être interdites en septembre 1939 suite à l'approbation par le Parti communiste du Pacte germano-soviétique de non-agression.

LES FTP-MOI

La M.O.I. va se reconstituer principalement à partir de l'automne 1940, autour d'une nouvelle direction composée de Louis Gronowski (« Bruno»), Jacques Kaminsky (« Hervé») et Artur London (« Gérard»). En mars 1941 se créent, sous la direction de Conrado Miret-Must, les groupes de combat de la M.O.I., qui après la formation des FTP, deviendront les FTP-M.O.I.

Arrêté en novembre 1941, Miret-Must, qui mourra sous la torture début avril 1942, sera remplacé à la tête des FTP-M.O.I par Boris Holban.

Missak Manouchian lui succédera en juillet 1943.

A l'été et à l'automne 1943, les FTP-M.O.I de la Région parisienne, structurés en détachements de langue, commandés - sous la responsabilité de Joseph Epstein (colonel Gilles), interrégional FTP de la Région parisienne - par Manouchian, représentent - après les chutes y ayant décimé en 1942 les FTP « généraux» - la principale force combattante armée de la Résistance en Région parisienne. Elle va porter des coups sévères à l'occupant, dont le symbole est l'exécution de Julius Ritter, responsable nazi du S.T.O. en France.

Lors de leur procès en février 1944, plus de 200 actions (déraillements, attentats, exécutions de collabos) seront imputées aux FTP-M.O.I. ; ils auront par les coups portés à l'ennemi contribué à cette libération de la France qu'hélas ils ne verront pas.

Dès février 1945, ce qui fait justice d'un prétendu oubli des Résistants étrangers après la Libération, se déroula une première manifestation de mémoire - dont il existe un petit film - qui se déroula, alors que la guerre se poursuivait - associant à l'Amicale des Anciens FTP, le « Centre d'Action et de Défense des Immigrés» (CADI), rassemblant notamment le Comité talien de Libération Nationale, le Comité Polonais de la Libération Nationale, l'Union Nationale Espagnole, le Comité d'Unité et de Défense Juif, le Mouvement pour l'indépendance Hongroise, le Front National Arménien, le Front National Roumain..., qui avaient pris part à l'insurrection libératrice de notre pays.

Puis, le C.A.D.I. ayant été interdit par un arrêté du ministre de l'Intérieur le 25 novembre 1948 (la guerre froide avait commencé), l'Amicale des Anciens FTP puis ensuite l'ANACR associèrent à la cérémonie du souvenir du Groupe Manouchian-Boczov l'Union Générale des Engagés Volontaires et Résistants d'origine Etrangère (UGEVRE), PUGEVRE, regroupement fédérateur qui rassembla pendant plus de cinq décennies des Résistants de nombreuses nationalités différentes, dont celles représentées dans le Groupe Manouchian-Boczov.

Ainsi, avec pour titre « le 10* anniversaire de la mort des 23 héros du Groupe Manouchian», «France d'Abord», hebdomadaire de l'ANACR, rapporte en 1954: « dimanche 21 février, le matin, au cimetière d'Ivry des centaines de patriotes assistaient à une cérémonie au cours de laquelle prirent la parole M. Feiffer, président de l'UFAC de la Seine, le Président de l'UGEVRE, et notre camarade Hamon, au nom du Bureau National de notre Association, le soir, à la Mutualité, 1 500 patriotes assistaient à la grande cérémonie présidée par M. Justin Godard, Président du Comité Français de Défense des Immigrés, ancien ministre. Pierre Villon, secrétaire général de ['ANACR] y prit la parole.»

Depuis, chaque année, le dimanche de février le plus près du 21, date de l'exécution en 1944 des 22 combattants FTP-M.O.I. de l'«Affiche rouge» un hommage leur est rendu au Cimetière d’Ivry-sur-Seine où ils reposent.

 

 

CELESTINO ALFONSO

425906078 410258174704492 5653561703503849363 nNé le 1er mai 1916 à Ituero de Abaza (Espagne), Célestino Alfonso vint en France en 1921, avec ses parents, qui s'établirent à Ivry-sur-Seine, où il travailla comme manœuvre et ouvrier menuisier. En 1934, Célestino Alfonso adhéra aux Jeunesses communistes.

En août 1936, il partit comme volontaire pour l'Espagne républicaine où il servit comme mitrailleur dans la Ille Brigade puis lieutenant de chars de combat à partir de 1937. Blessé l'année suivante, il entra à l'intendance et fut nommé peu après commissaire politique de compagnie de voiture de la XIVe Brigade internationale.

Ayant combattu jusqu'en février 1939, il fut rapatrié au camp d'Argelès, dont il sortit en décembre, intégrant une Compagnie de en France.

Travailleurs étrangers (C.T.E.).

Au début de l'Occupation militant du Parti communiste espagnol (PCE) clandestin, un temps réfugié à Orléans, Celestino Alfonso, de retour à Paris, intégra en 1942 les FTP-M.O.l. et, souvent avec Léo Kneller et Marcel Rayman participa à de nombreuses actions: attaque de la voiture de Von Schaumburg, commandant du Grand Paris, exécution le 28 septembre 1943 de Julius Ritter, général SS supervisant la mise en œuvre du STO en France.

Arrêté en octobre 1943, torturé, il est condamné à mort le 15 février 1944 et exécuté le 21 février au Mont-Valérien. Dans sa dernière lettre, il écrivit à sa famille, à sa femme, Adoracio Arrias, dont il avait un fils, Jean : «je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France... Je sais pourquoi je meurs et j’en suis fier … »

 

OLGA BANCIC

Elle naquit en mai 1912 à Kichi-nev dans une famille juive de Bessarabie (Moldavie actuelle) alors intégrée à l'Empire russe et qui devient roumaine en 1918.

Olga, à l'âge de 12 ans, participa à une première grève dans l'usine de gants qui l'employait.

Adhérente très tôt des Jeunesses communistes, militante syndicaliste, elle est plusieurs fois arrêtée, victime de violences policières.

En 1938, elle doit s'exiler en France, où elle entame des études de lettres. Elle s'y engage dans l'aide à l'Espagne républi-caine, et épousera un combattant roumain des Brigades internationales, Alexandre Jar. En 1939, elle donne naissance à une

fille prénommée Dolorès, comme la Pasionaria.

Après l'occupation de la France en 1940, Olga Bancic, qui confie sa fille à une famille française, et vit pour raisons de sécurité séparée de son mari, entre en Résistance et rejoindra les FTP-M.O.I. sous le pseudonyme de «Pierrette», elle prend part à la confection et au transport des bombes lancées sur les forces d'occupation, participant à la préparation et à l'exécution d'une centaine d'opérations.

Arrêtée sous l'identité de Marie Lebon le 16 novembre 1943 avec Marcel Rayman, torturée, elle est condamnée à mort le 15 février 1944, transférée en Allemagne et guillotinée à la prison de Stuttgart le 10 mai 1944.

Dans sa dernière lettre à sa fille Dolorès, elle écrira : «Je meurs avec la conscience tranquille...».

Son mari, Alexandre Jar, regagnera la Roumanie après guerre, Dolorès vivrait en Israël.

 

JOSEPH BOCZOV

Parfois appelé Josef Boczor, il naquit sous le nom de Francisc ou Ferenz Wolf le 3 août 1905 à Felbosonga (Felsbánya) en Transylvanie, alors province de l'Empire austro-hongrois, qui deviendra roumaine en 1919. Engagé dès le Lycée dans l'action révolutionnaire et les jeunesses communistes, il alla à Prague suivre des études d'ingénieur chimiste.

Quand éclata la Guerre d'Espagne, il traversa à pied la Tchécoslovaquie, l'Autriche, la Suisse pour aller rejoindre les Brigades internationales.

A la chute de la République espagnole en 1939, il fut interné en France dans les camps d'Argeles puis Gurs, y devenant responsable des ex-brigadistes roumains. Déchu de sa nationalité roumaine, il organise en avril 1941 l'évasion de son groupe lors de sa déportation en Allemagne.

Arrivé en Région parisienne, il est accueilli par Hélène Elek, la mère de Thomas. Entré à l'Organisation Spéciale-M.O.I., il remplace à sa tête l'Espagnol Conrado Miret-Must, arrêté fin 1941. Lors de la formation des FTP-M.O.l. en mai-juin 1942, Joseph Boczov («Pierre»), placé à la tête du 4e détachement FTP-M.O.I., celui des «dérailleurs», spécialisé dans l'attaque des trains allemands, va mettre en œuvre ses compétences d'ingénieur chimiste pour la confection d'explosifs, la mise au point d'une mèche blanche brulant sans flamme, la transformation de mine anti-char en mine anti-train...

Arrêté le 27 novembre 1943, accusé d'avoir accompli 25 attentats, il est condamné à mort et fusillé avec les 22 autres membres du groupe Manouchian-Boczov au Mont-Valérien le 21 février 1944.

 

GEORGES CLOAREC

Né à Saint-Lubin-des-Jon-cherets (Eure-et-Loir) le 22 décembre 1923 dans une famille ouvrière, Georges Cloarec travailla d'abord comme ouvrier agricole.

Passé clandestinement en zone sud avec l'intention première de rejoindre les FFL, il s'engagera début 1942 à Tou-Jon dans la Marine, qu'il quittera après avoir été emprisonné quelques mois pour avoir crié

«Vive la France! A bas la collaboration ! »

Venu en septembre 1943 habiter chez son oncle Léon Cloarec à Alfortville pour échapper au S.T.O., il entrera en contact avec des ouvriers italiens qui le feront entrer aux FTP-MOI dans le détachement italien.

Prenant l'identité de «Philippe Laurent», et le pseudonyme clandestin de «Marc», matricule FTP 10620, il rencontre «René»

(Robert Witchitz), «Paul» (Spartaco Fontanot), «Marcel» (Cesare Luccarini), avec lesquels il va participer à plusieurs opérations.

Le 20 octobre 1943, accompagné de Fontanot et Luccarini, il participait - sa première action - rue Caumartin à une attaque contre un restaurant réquisitionné par les Allemands; ,y lançant une grenade qui lui avait été remise par Tuba Klesvers-libriste («Collette»).

Le 13 novembre, ayant rendez-vous à 17 heures avec Robert Witchitz au métro Reuilly-Diderot, il y sera arrêté par trois inspecteurs de la Brigade Spéciale (BS2). Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

 

RINO DELLA NEGRA

C'est à Viimy, dans le Pas-de-Calais, que naquit le 18 août 1923 Rino Della Negra, dans une famille d'immigrés italiens.

En 1926, la famille vint s'installer à Argenteuil, 119 route de Sannois. Agé de 14 ans, Rino devint en 1937 apprenti ajusteur aux usines Chausson d'Asnières et s'engagea dans le mouvement sportif local: Jeunesse Sportive Argenteuillaise (JSA) et Football-Club d'Argenteuil.

Très bon joueur, il est en 1942 ailier droit du Red Star de Saint-Ouen, club renommé, et aspire à une carrière professionnelle.

L'antifascisme très présent dans la communauté italienne d'Argenteuil et la menace du S. T.O. vont le mener à la Résistance: en octobre 1942, il rejoint le 3ª détachement (italien) des FTP-M.O.l. (matricule 10293). Sa dernière «planque» de clandestin, sous le nom de «Chatel» sera 4, passage du Génie (Paris 122).

En juin 1943, il participe à l'exécution du général allemand Von Apt rue Maspero à Paris (16°), le 10 à l'attaque du siège du Parti fasciste italien installé dans l'hôtel Montessuy, rue Sé-dillot (Paris 7°), le 23 à l'attaque de la caserne Guynemer à Rueil-Malmaison.

C'est lors d'une dernière opération le 12 novembre 1943 menée en compagnie de Robert Witchitz, l'attaque d'un convoyeur de fonds allemand 56 rue Lafayette, qu'il est blessé, puis arrêté peu après rue Taltbout. Conduit à l'hôpital de la Salpétrière, il est ensuite incarcéré à la prison du Cherche-Midi.

Condamné à mort lors du «Procès de l'Affiche rouge», il est fusillé avec ses 21 compagnons le 12 novembre 1943 au Mont-Valérien.

 

TOMAS ELEK

Il naquit le 7 décembre 1924 dans une famille juive de Budapest (Hon-grie), athée et communiste. Son père, Sandor Elek, prit part à la République soviétique hongroise.

Menacé de chômage dans une Hongrie où se mettait en place des mesures antisémites, Sandor Elek s'exila à Paris en avril 1930 avec son épouse Hélène, leur fils Thomas (Tamas), Marthe, fille d'Hélène ; en juillet 1930 naitra à Paris Bela.

Membres du Parti communiste hongrois, militant au Secours rouge dans l'aide à l'Espagne républicaine, Sandor et Hélène Elek, après un exode à Dinard lors de l'offensive allemande de mai-juin 1940, vont revenir à Paris, où Hélène a ouvert rue de la Montagne Sainte-Geneviève un restaurant, «le Fer à cheval», qui deviendra bientôt une cache d'armes et de faux papiers, un lieu de réunions de Résistants. Tels ces étudiants du Réseau du Musée de l'Homme par lesquels Thomas («Tommy») intégra en 1941 la Résistance, distribuant avec son frère journaux et tracts.

En août 1942, Tommy, ayant quitté le Lycée Louis-le-Grand après avoir sévèrement corrigé un condisciple antisémite, rejoignit les FTP-M.O.I. (matricule 10306).

C'est de sa propre autorité qu'il mena le 5 novembre 1942 sa première action: un attentat contre la librairie allemande «Rive gauche».

Le 1er juin 1943, il fit partie d'une équipe qui attaqua à la grenade et au pistolet au métro Jean-Jaurès un détachement de 70 Allemands.

Devenu adjoint technique de Boczov, il va participer de juin à septembre à plusieurs déraillements.

Arrêté le 21 novembre 1943 dans sa planque du 7 rue Roger (Paris 14e), livré aux Allemands, il est fusillé le 21 février 1944 mars à 15h47.

 

MAURICE FINGERCWEIG

Né le 25 décembre 1923 à Varsovie dans la famille d'un ouvrier tailleur, Maurice (Mojsze, Moïshe, Moska Fingercweig ou Fingercwajg) vint en France avec sa famille en 1926. Orphelin de mère à 10 ans, il est élevé par son frère aîné Jacques, dont l'engagement aux Jeunesses communistes l'influence fortement: il rejoint à son tour les J.C. en

1940.

Cette adhésion, puis l'arrestation lors de la Rafle du Vel-d'hiv en juillet 1942 de son père et de ses frères Jacques et Léon, et leur déportation, le conduisent à s'engager dans la Résistance et à rejoindre les FTP-M.O.I.

Sous le pseudonyme de «Marius», il appartient alors au 2e détachement (juif) des FTP-M.O.l. avant d'être muté au détachement des dérailleurs.

Il participa avec ce détachement à de nombreuses opé rations de sabotage, dont celui du 21 au 22 octobre 1943 à Chaumont, sur la ligne Paris-Troyes.

Arrête le 17 novembre 1943, torturé pendant les interrogatoires, il est condamné à mort par le Tribunal militaire allemand du Grand Paris et fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien à 15h47, avec trois autres membres du groupe de l'Affiche rouge, Tamas Elek, Jonas Geduldig et Wolf Wajsbrot.

Espérant le retour de déportation de ses frères et de son père (seul Jacques reviendra), il priera dans sa dernière lettre une amie de ses parents de leur dire : qu'il est «mort en brave. en pensant à eux».

 

SPARTACO FONTANOT

C'est à Monfalcone, petite ville de la province italienne de Gorizia que naquit le 17 janvier 1922 Spartaco Fontanot. Sa famille émigre en France en 1924, après l'arrivée au pouvoir des fascistes.

Résidant à Nanterre, il va suivre après l'école élémentaire les cours du collège technique de Puteaux, dont il sortira avec un C.A.P. d'ajusteur, tourneur, des-sinateur. Les ressources de ses parents ne leur permettant pas de lui faire suivre des études, il entre comme tourneur dans une petite entreprise tout en suivant les cours du soir de l'école des Arts-et-métiers de Paris afin de devenir ingénieur.

Après la défaite et l'occupation de la zone nord de la France, Spartaco va entrer en Résistance, et rejoindre les FTP-M.O.l. et, en juin 1943, sous le pseudonyme de«Paul» (matricule 10291), est intégré à une équipe comprenant Marcel Rayman et Léo Kneler et Raymond Kojitski.

Ainsi, le 28 juillet 1943, Il participa à l'attentat dirigé contre le général von Schaumburg, commandant du «Gross Paris».

Spartaco Fontanot fut arrêté le 13 novembre 1943 à Montreuil-sous-Bois. Condamné à mort lors du procès de l'Affiche rouge, il est fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944 à 15h22 conjointement à Missak Manouchian,

Roger Rouxel et Robert Witchitz.

Dans une lettre à sa mère, il écrit:

«Je m'étais engagé dans l'Armée de la Libération et je meurs quand la victoire éclate...», Une «rue des Trois Fontanot»* l'honore à Nanterre ; avec ses cousins Jacques (18 ans) et Ne-rone (22 ans), tombés eux aussi dans la lutte.

 

JONAS GEDULDIG

Né le 22 janvier 1918 dans une famille d'ouvriers juifs de Wlodziwiez, en Pologne, Jonas Geduldig fut élevé par son oncle et éduqué dans la ville proche de Hrubieszow.

Âgé de 16 ans, il part pour la Palestine où l'avait précédé son frère; il y sera apprenti et travaillera dans la construction mécanique.

L'insurrection franquiste, bientôt appuyée par Hitler et Mussolini, ayant éclaté en Espagne, Jonas Geduldig rejoint les Brigades internationales et est affecté à la batterie d'artillerie «Anna Pauker».

Blessé au pied, il gagnera la France début 1939, à la chute de la République espagnole.

Interné dans les camps de Saint-Cyprien, Gurs et Argelès, il y participe à la rédaction du journal en yiddish Hinter Schtechel Droten («Derrière les barbelés»).

Evadé du camp, il rejoint Paris où, sous l'identité de «Michel Martiniuk», il va bientôt rejoindre la Résistance, notamment au sein de «Solidarité », participant à la protection de l'une de ses manifestations rue de la Roquette le 11 novembre 1941.

En avril 1942, il rejoint le 2e détachement (juif) des FTP-M.O.l., participe en juillet 1942 à un lancer de bombe contre un garage, et est muté en juin 1943 au groupe des «dérailleurs».

Arrêté en novembre 1943, il est fusillé avec Manouchian et ses camarades le 21 février 1944 à 15 h 47 au Mont-Valérien.

 

 

EMERIC GLASZ

Né le 14 juillet 1902 à Budapest en Hongrie, Emeric (imre) Glaasz, ouvrier mécanicien, vint en France, où il se maria en 1939 avec lla, dont il eut un enfant, Borsi.

A la déclaration de guerre, il s'engagea dans l'armée française et fut affecté au 23° régiment de marche de volontaires étrangers.

Démobilisé après l'armistice de juin 1940, il revient à Paris, y habitant le XIIIe arrondissement et reprenant son métier d'ajusteur.

Il va rejoindre les groupes de sabotages et de destruction (GSD) formés à l'été 1940 par le parti communiste clandestin et qui, particulièrement actifs dans la métallurgie parisienne, préfigurent la mise en place de l'Organisation Spéciale (O.S.) en octobre suivant.

En avril 1942, il intégrera la nouvelle structure FTP-M.O.I.

Prenant le pseudonyme de «Robert», et disposant de faux papiers au nom de Bognard, il va être intégré au 4° détachement FTP-M.O.I., celui des «dérailleurs».

Arrêté le 17 novembre 1943

au métro Denfert-Rochereau, il fut condamné à mort lors du «procès» de «l'Affiche rouge».

Il aurait déclaré au tribunal :

«J'ai vécu pendant sept mois dans l'illégalité. C'est à ce prix seulement que je pouvais garder ma liberté. Car la vie ne vaut rien sans liberté».

Il sera fusillé au Mont-Valé-rien le 21 février 1944 à 15 h 40, en premier avec Celestino Alfonso, Josef Boczov et Marcel Rayman.

 

 

LEON GOLDBERG

Né 14 février 1924 à Lodz en Pologne, Léon (Leib, Lajb) Goldberg vint en France avec sa famille à fin des années 1920.

La famille, dont le père, Samuel, était tailleur, résida d'abord 7 impasse Questre, dans le XIe arrondissement de Paris, puis vint s'installer dans le XIXe, 37 rue de Meaux. Léon, fréquentant l'école du 119 avenue Simon-Bolivar, souhaitait devenir instituteur.

La France vaincue et sa partie nord occupée par la Wehrmacht nazie, la famille Goldberg, victime des persécutions antisémites, est raflée le 16 juillet 1942 ; le père de Léon, interné d'abord à Beaune-la-Rolande, déporté par le convoi n° le 31 juillet à Auschwitz, y mourra, sa mère et ses deux frères Henri (né en 1931) et Max (né en 1934) seront déportés à leur tour par le convoi 21 du19 août 1942; eux aussi ne reviendront pas.

Léon, resté seul, se réfugiera 99 avenue Simon-Bolivar chez la famille Tenenbaum, celle de sa fiancée Ginette.

Entré aux FTP-M.O.l. sous le pseudonyme de «Julien» et sous l’identité de «Gerard Charton», Leon Goldberg va être arrêté avec deux de ses camarades le 25 octobre 1943 à Mormant en Seine-et-Marne, à la suite d'un déraillement de train qu'ils avaient provoqué à Grand-Puits, sur la ligne Paris-Troyes.

Condamné à mort lors du Procès du 18 février 1944, il est fusillé au Mont-Valérien à 15 h 52 avec Arpen Tavitian et Willy Szapiro.

A sa fiancée Ginette, il écrira «...J'ai fait mon devoir envers tous, je ne regrette rien... Adieu à tous, la vie sera meilleure pour vous»

 

 

SZLAMA GRZYWACZ

Salomon (Schloime, Szlamek, Szlama) Grzywacz naquit le 8 décembre 1910 dans une famille pauvre de Dobre, petite ville du centre-nord de Pologne. Commençant très jeune à travailler avec son père comme ouvrier cordonnier, Il adhère en 1925 aux Jeunesses communistes, alors l'objet de la répression du régime autoritaire de

Pilsudski.

En 1931, Il est arrêté par la police politique, et condamné à cinq ans de prison. A sa libération, il s'exile en France en 1936, logeant a Paris quelque temps dans la famille d'Henri Krasucki, originaire de la même région de Pologne.

La République espagnole ayant à faire face à l'insurrection franquiste, il rejoint les Brigades internationales. Interné à son retour d'Espagne à Gurs et Argelès, Il s'évade et regagne Paris.

Domicilié dans le XIXe arrondissement, il anime les syndicats clandestins dans la fourrure et, avec le pseudonyme de «Charles» et l'identité de Jean Jagodasz, il entre en août 1942 au 2° détachement

FTP-M.O.I.

Parmi ses actions, un lancer de grenade contre la Parizer Zeitung et de bombe incendiaire contre un camion de soldats allemands.

Muté au détachement des «dérailleurs», il est arrêté en novembre 1943. Condamné à mort, il est fusillé au Mont-Valérien le 21 février à 15 h 56 avec Stanislas Kubacki.

Dans sa dernière lettre adressée à sa femme Janine, il écrit: «J'ai conservé mon sang-froid jusqu'à la dernière minute comme cela convient à un ouvrier juif... Je meurs mais vous ne m'oublierez pas. Si certains membres de ma famille sont vivants, parlez-leur de moi... Du courage, du courage et encore du courage. De meilleurs lendemains ne sont pas loin... »

 

Stanislas (Stasiek) naquit le 2 mai 1808 à Slaszycze, on Pologne centrale, et vint en France en 1925.

Il y épousa une compatriote immigrée, Geneviève Klébek, qui lui donna un fils, Edouard (Edria), né à Avion en 1930.

Ouvrier mouleur, Kubacki vint avec sa famille habiter à Livry-Gargan (alors en Seine-et-Oise), militant au Parti communiste.

Suite à diverses Infractions (port d'arme, défaut de carnet, rébellion...), Il est l'objet on 1936 et 1937 de deux arrêtés d'expulsion. Passant en Espagne, Il rejoint les Brigados intornationales; à son retour en France, il est interné au camp du Vernet puis dans celui de Gurs. Il s'évadera lors de sa déportation en Allemagne et rejoindra les FTP.

Lors d'une arrestation le 12 mal 1942, l'on trouve sur lui des timbres de cotisation "Aidez les victimes du fascisme", un carnet avec des mentions hostiles au travall en Allemagne et évoquant les sabotages, Evadé du commissariat de Villeparisis, et prenant l'identité d'Ignace Kuba, Il travaille un temps comme bucheron a Montgeron.

Impliqué ou suspecté dans plusieurs actions, il se réfugie début décembre 1942 à Puteaux chez Anna Finkelstein, Danoise d'origine juive, où, le 7 décembre, il est arrêté par les policiers des B.S.

Transféré au siège de la Gestapo 11 rue des Saussaies, il y est torturé pendant plusieurs jours puis incarcéré à Fresnes.

Il sera l'un des 24 accusés et des 23 condamnés à mort du procès du 18 février 1944 devant le Tribunal militaire allemand. Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

«Je meurs pour la liberté» conclut sa dernière lettre à sa femme et son fils.

CESARE LUCCARINI

File d'Auguste Luccarini, un antifasciste italien, venu s'installer à Pont à Vendin (Pas-de-Calais, Cesare, ne le 24 février 1922 a Castiglione-dei Pepoll en Emilie-Romagne (italie), vint en 1930 avec sa mère et ses sœurs rejoindre son père.

Au sortir de l'école primaire, ayant obtenu le C.e.p., Il commence à travailler au Génie civil de Lille comme ouvrier cimentier.

En 1940, Il adhère aux Jeunesses communistes clandestines, ce qui le conduira, suite à une dénonciation à être arrêté on février 1942 par des gendarmes français et le 19 mars à être condamné à deux ans de prison pour distribution de tracts par la cour spéciale de Douai, Incarcéré à la prison de

Culny puis au camp de travail de Watten Eperlecques, Il s'en

évade en août 1943.

Venu se réfugier à Paris, avec des faux papiers au nom de Marcel Chatelain, Il entre au 3ª détachement (italien) des FTP-M.O.I. sous le pseudonyme de « Marcel »,

habitant 9 rue Charles-Bertheau.

Il participa à une première action à Argenteuil le 17 septembre 1943 puis, le 25 septembre à un lancer de grenade au Café de l'Autobus (Paris 14°) fréquenté par les soldats allemands.

Il fut arrêté le 12 novembre 1943 à son hôtel par 3 inspecteurs de la BS2 suite à l'opération menée contre un convoyeur de fonds rue Lafayette.

Transféré aux Allemands, il fut condamné à mort par le tribunal militaire nazi et fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944 à 15 h 29 avec Georges Cloarec, Rino Della Negra et Antonio Salvadori.

MISSAK MANOUCHIAN

C'est en Cilicie ou «Petite Arménie», alors province de l'Empire ottoman, que naquit le 1er septembre 1906 Missak Manouchian, dans une famille de paysans pauvres d'Adyaman.

A l'âge de 9 ans, il sera témoin du génocide en 1915-1916 de la population arménienne de la région, qui décimera sa famille dont, avec son frère Karapet, il sera un des seuls survivants ; recueillis par une autre famille, tous deux sont à la fin de la Première guerre mondiale exfiltrés vers un orphelinat au Liban, passé sous mandat français.

En 1925, Missak Manouchian arrive à Marseille, travaille quelque temps aux Chantiers navals de la Seyne puis monte à Paris, entrant chez Citroën comme tourneur.

Au chômage au début des années trente, il participe à la création de revues culturelles arméniennes, Tchank, Machagouyt, adhère au Parti communiste, et devient responsable du Comité de secours à l'Arménie (H.O.C.), dissous comme communiste en 1939.

Un temps interné pendant la Drôle de guerre, il revient à Paris en juin 1940 et dans la clandestinité reprend ses activités militantes.

Arrêté en juin 1941 et interné quelques semaines au camp de Royallieu, il se voit à sa libération confier la responsabilité de la branche arménienne de la M.O.l.

Février 1943, versé aux FTP-M.O.I., il devient en juillet suivant leur responsable technique parisien puis en août le responsable militaire des FTP-M.O.l. de la Région parisienne dont à ce titre il dirige les opérations.

Le 16 novembre 1943, il est arrêté à Evry Petit-Bourg avec Joseph Epstein, interrégional de tous les FTP de la Région pari-sienne. Il est fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944.

 

 

Lettre de Missak Manouchian à Mélinée

21 février 1944, Fresnes

 

Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée.

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. On va être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas, mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur ! à tous ! J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et [d’] avoir un enfant pour mon honneur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires. Je [les] lègue à toi et à ta sœur, et pour mes neveux.

Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’Armée française de la Libération.

Avec l’aide de mes amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs, si possible, à mes parents en Arménie. Je mourrai avec 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait [de] mal à personne et, si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant au soleil et à la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal, sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et [à] ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien bien fort, ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur.

Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel

P.-S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M.M.

 

 

Stanislas (Stasiek) naquit le 2 mai 1808 à Slaszycze, on Pologne centrale, et vint en France en 1925.

Il y épousa une compatriote immigrée, Geneviève Klébek, qui lui donna un fils, Edouard (Edria), né à Avion en 1930.

Ouvrier mouleur, Kubacki vint avec sa famille habiter à Livry-Gargan (alors en Seine-et-Oise), militant au Parti communiste.

Suite à diverses Infractions (port d'arme, défaut de carnet, rébellion...), Il est l'objet on 1936 et 1937 de deux arrêtés d'expulsion. Passant en Espagne, Il rejoint les Brigados intornationales; à son retour en France, il est interné au camp du Vernet puis dans celui de Gurs. Il s'évadera lors de sa déportation en Allemagne et rejoindra les FTP.

Lors d'une arrestation le 12 mal 1942, l'on trouve sur lui des timbres de cotisation "Aidez les victimes du fascisme", un carnet avec des mentions hostiles au travall en Allemagne et évoquant les sabotages, Evadé du commissariat de Villeparisis, et prenant l'identité d'Ignace Kuba, Il travaille un temps comme bucheron a Montgeron.

Impliqué ou suspecté dans plusieurs actions, il se réfugie début décembre 1942 à Puteaux chez Anna Finkelstein, Danoise d'origine juive, où, le 7 décembre, il est arrêté par les policiers des B.S.

Transféré au siège de la Gestapo 11 rue des Saussaies, il y est torturé pendant plusieurs jours puis incarcéré à Fresnes.

Il sera l'un des 24 accusés et des 23 condamnés à mort du procès du 18 février 1944 devant le Tribunal militaire allemand. Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

«Je meurs pour la liberté» conclut sa dernière lettre à sa femme et son fils.

Tout le monde connait l'appel du 18 juin 1940 prononcé par le Général de Gaulle sur les ondes de la BBC ... Mais connaissez vous la journée qu'à vécu le général de Gaulle ce 18 juin 1940 à Londres???

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« au n°8, dans un assez bel immeuble, une garçonnière prêtée par un Français resté à Bordeaux : une antichambre claire d’où part un couloir qui longe la façade et qu’éclaire une vaste baie ; au fond, un grand salon transformé en bureau ; un ameublement confortable et impersonnel ; deux chambres à coucher, une salle de bains. Deux hommes ont dormi dans l’appartement : le général de brigade à titre temporaire Charles de Gaulle et le lieutenant Geoffroiy Chodron de Courcel. (…)

8 heures, de Gaulle est à sa table de travail. Il commence à rédiger le texte qu’il lira à la BBC. Dans la pièce voisine, de Courcel, son aide de camp s’active. Il est encore le seul compagnon du général .il lui faut tout organiser, prendre les rendez-vous, trouver des secrétaires, servir d’interprète, de trésorier. (…)

10 heure ; devant sa table de travail, le général de Gaulle rature toujours les feuillets couverts de sa fine écriture. Quand il lève la tête, il aperçoit des reflets de soleil sur les frondaisons de Hyde Park. Geoffroy de Courcel a rapporté ainsi ces instants : « De temps en temps, le général s’interrompait dans son travail pour fumer une cigarette. Dans ces moments de brève détente, il passait en revue la situation. C’était déjà pour moi une initiation à ces grandes fresques qui me seraient plus tard familières. Il décrivait ce qui s’était passé, les raisons de notre effondrement militaire, la panique de Bordeaux, les évènements qui allaient suivre ». (…)

A 12h30, le général de Gaulle et le lieutenant de Courcel partent déjeuner avec le ministre de l’information britannique. (…) Durant le déjeuner, de Gaulle et Duff Cooper règlent le rendez-vous à la radio. Le général parlera aux Français à 18h. On aborde aussi la question des émissions en français à la BBC. De Gaulle déclare qu’elles doivent être entièrement assurées par des Français placés sous son autorité. Il refuse tout contrôle, toute censure. (…)

A 15h, de Gaulle et son aide de camp sont revenus au 8 Seamore Grove. Le général a repris sa place devant sa table de travail. Dans un état d’extrême tension et de fatigue, il corrige et remanie encore le texte qu’il lira tout à l’heure au micro de la BBC. (…) Deux visites, les seules de la journée dans le petit appartement, quartier général provisoire de la France Libre. La première, celle d’un capitaine, Claude Hettier de Boislambert. Il décrit ainsi ce moment où le premier volontaire des forces combattantes s’est présenté à de Gaulle : « A l’ambassade, on m’avait conseillé – pour ne pas dire ordonné – de rentrer en France. Je n’étais pas venu en Angleterre pour cela ; c’est le concierge de l’ambassade qui, me voyant partir furieux, m’a donné l’adresse. A Seamore Grove, une grande jeune fille brune m’ouvre la porte. C’est Elisabeth de Miribel :

- Le général de Gaulle ?

- Il est là.

Le général regarde par la fenêtre. Il me tourne le dos.

- Mes devoirs, mon général.

- Vous voilà, Boislambert, alors qu’allez-vous faire ?

- La guerre sous vos ordres, si vous le voulez bien, mon général … »

Le deuxième visiteur arrive. C’est Pierre Julitte, un officier de liaison auprès des forces britanniques. Il vient de débarquer en Angleterre. C’est un ancien camarade de Geoffroy de Courcel. De Gauller l’accueille avec une seule question : « Vos intentions ? » La réponse est tout aussi simple : « Elles dépendent des vôtres. » (…)

Le lieutenant de Courcel tend à Elisabeth de Miribel quelques feuillets sur papier blanc, un texte fortement raturé, difficile à déchiffrer. C’est l’appel du 18 juin… »

Source : Alain Guérin, Chronique de la Résistance

Bien évidemment nous sommes nombreux à connaître l’appel du 18 juin lancé par le général de Gaulle depuis Londres. Mais en juin il fera plusieurs allocutions : le 19, 22, 24, 26 et 28 juin. A cela s’ajoute la fameuse affiche placardée.

Mais d’autres ont tout au long de l’année 1940 faits des appels à Résister !

A Brive en Corrèze, le 17 juin 1940 : Edmond Michelet dit le gaulliste du 17 juin

Le 22 juin en Bretagne : Auguste Havez, Marie Ballanger, Marcel Paul

Le 22 juin : André Colin depuis Beyrouth, ancien président de l’association catholique de France

Le 23 juin : Charles Tillon, le manifeste de Bordeaux

Le 8 juillet : Charles Delestraint

Le 10 juillet : Thorez, Duclos

Le juillet : Jean Texcier, employé de ministère SFIO

Le juillet : Max Pol Fouchet, socialiste et fonctionnaire

Le 5 septembre : le général Gabriel Cochet

Octobre 40 : Hubert Beuve-Méry

Décembre 40 : Jacques Arthus

Décembre 40 : Boris Vildé

(…)

Courant juillet 1940 un embryon de résistance individuelle ou parfois plus collective à l’ordre nouveau apparaît à l’université.

Le 30 octobre la situation se tend après l’arrestation du professeur Langevin. François Lescure et Roger Morais responsables étudiants imaginent de canaliser l’émotion grandissante en un mouvement susceptible de lui donner corps.

Le 8 novembre un rassemblement se forme malgré l’interdiction et d’importantes forces de l’ordre.

Des mots d’ordre invitent à se rendre au rond-point  des Champs Elysées  trois jours plus tard pour fleurir la statue de Clémenceau puis gagner l’Arc de triomphe à 16 heures.

Toute la journée des parisiens viennent déposer des bouquets, la préfecture en recense 750 au pied de la statue et dénombre 5600 personnes Place de l’étoile. Des lycéens et étudiants venus du quartier latin portent pour certains deux cannes à pêche « deux gaules » et les cocardes sont légions.

Cette manifestation et une juxtaposition de gestes spontanés plus qu’un cortège organisé et les rapports relatifs aux quelques 1000 interpellations opérées par la police française permettent de préciser la sociologie des manifestants : 917 hommes, 122 femmes, 545 lycéens et collégiens, 299 étudiants, 57 écoliers, 138 salariés  (professeurs et instituteurs), moyenne d’âge 18 ans.

Peu rodés aux manifestations de rue, de surcroit interdites, les étudiants et lycéens tournent autour du rond-point cerné par la police aux accents de la Marseillaise et aux cris de «  Vive De Gaulle Vive Churchill ». Des heurts les opposent à de petits groupes mobilisés par l’extrême droite. L’arrivée des renforts allemands confère brusquement à la manifestation un tour beaucoup plus dramatique. Le bilan officiel fait état de 123 arrestations  et 3 blessés légers. La presse étudiante et Radio Londres évoquent des morts. Le lendemain le boulevard Saint Michel est interdit à la circulation et les institutions universitaires fermées  sur directive des autorités allemandes. La presse légale  tait l’événement cinq jours durant.

Cette manifestation conforme aux directives de Radio Londres et qui doit beaucoup aux étudiants communistes n’a été initiée ni par la France combattante ni par la direction clandestine du PCF. De jeunes étudiants s’expriment au nom de valeurs communes à partir d’initiatives propres qui convergent et se cristallisent. La manifestation n’entretient du reste aucun lien organique avec les rares manifestations de faible ampleur attestées ce jour dans d’autres villes.

Fait d’exception propre à catalyser les refus, elle va s’imposer au nombre des mythes fondateurs  de la Résistance.

Danielle Tartakowski  (dictionnaire historique de la Résistance)